• LE MARIAGE DANS LA BIBLE Par MOISE.DOSSA

    LE MARIAGE DANS LA BIBLE

    LE MARIAGE DANS LA BIBLE Par MOISE.DOSSA« ILS DEVIENDRONT UNE SEULE CHAIR »

     

    Moïse Dossa, Médecin (Bénin)

      SOMMAIRE

     

     

    INTRODUCTION

     

    CHAPITRE 1 : LE MARIAGE DANS LA BIBLE, UNE QUESTION DIFFICILE

     

    1-1-          Pas de principe formellement explicite

    1-2-          Mariage, mot rare dans la Bible

    1-3-          Pas de modèle

     

    CHAPITRE 2 : LE MARIAGE CHRETIEN A TRAVERS LES CULTURES ET LES AGES

    2-1- Le mariage antique

    2-2- Le Moyen Âge

    2-2-1-              Haute époque

    2-2-2-              Moyenne époque

    2-3-          Temps modernes

    2-4-          De nos jours

    2-4-1-              Dispositifs communs à toutes les confessions

    2-4-2-              Obligations entre époux

    2-4-3-              Dispositifs particuliers à certaines confessions

    2-5-          Que retenir de l’histoire du mariage chrétien à travers les époques et les cultures :

     

    CHAPITRE 3 : RELATIONS SEXUELLES ET MARIAGE, LA BIBLE VA PLUS LOIN

    3-1- Pas de texte explicite

    3-2- Une déduction à partir d’autres principes bibliques

    3-3- Un principe originel plus profond

    3-4- Que retenir de Genèse 2 : 18-24 ?

    3-5- Où est la place du mariage dans tout ça ?

    3-6- Encore un mot sur l’attachement

    3-6-1-1.1.  Pourquoi le Créateur met-il l’attachement au centre de l’union de l’homme et la femme ?

    3-6-2-              Comment se réalise cet attachement ?

    3-6-3-              Quelques pièges et erreurs à éviter

    3-7- Le but de Dieu

     

    CONCLUSION

    POSTFACE

     

     

    INTRODUCTION

     

    Qu’est-ce qui change aux yeux de Dieu le jour de la bénédiction nuptiale ? Comment se fait-il que le rapport sexuel avec la personne que j’aime et que je vais épouser demain à 10h en passant à la mairie et/ou à l’église est-il péché aujourd’hui à minuit et bénédiction demain à midi ? C’est une interrogation qui dérange ! Personne ne m’a jamais donné une explication satisfaisante.

     

    Mais il faut déjà reconnaître que c’est une question qu’on n’ose pas poser à ceux qui sont supposés nous donner les réponses, car oser poser de telles questions, c’est d’emblée se faire passer pour un « impur », un chrétien charnel, non sanctifié. Et quand la question parait insidieusement et implicitement à travers les mots de jeunes chrétiens perplexes, la réponse est univoque : « c’est un péché d’avoir des relations sexuelles avant le mariage et c’est tout, il n’y a rien à expliquer et rien à comprendre ».

     

    Que dit la Bible à ce sujet ? Avons-nous une réponse intelligible dans la Bible, parole et révélation de Dieu aux hommes ? En faisant table rase de toute idée pré-reçue et de tout dogme, est-il possible d’établir à travers les Ecritures que le rapport sexuel sans mariage est un péché ?

     

    Pourquoi cette démarche ? Parce que la foi commence là où la raison s’arrête, c’est-à-dire que lorsque la raison ne peut pas comprendre, la foi intervient pour accepter, pour croire. Certains citent Jacques 1 : 22 pour dire que la raison et le raisonnement sont incompatibles avec l’approche des Ecritures. Mais que dit ce verset ? « Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter en vous trompant par de faux raisonnements. » Ce qu’il y a à craindre ici, ce ne sont pas les raisonnements mais les faux raisonnements, ce qui suppose qu’il existe aussi des raisonnements vrais et justes.

     

    Quand Dieu parle, compris ou pas compris, il faut obéir car une chose est sûre, il nous instruit pour notre bien. Mais pour obéir, encore faut-il s’assurer de ce qu’il a dit. Ainsi, je croirai tout ce que dit la Bible quand je ne pourrai pas la comprendre, mais mieux, je serai heureux de comprendre ce que la Bible enseigne. La Bible n’est-elle pas la révélation de Dieu pour les hommes ? Or « les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi ».(Deutéronome 29 : 29) Jésus insiste sur l’importance de comprendre la parole de Dieu.

     

    Dans Matthieu 13 : 19 et 23, le Seigneur déclare : « Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur… Celui qui a reçu la semence sur la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend. »Et quand l’évangéliste Philippe s’approche de l’eunuque éthiopien qui lisait les Ecritures, il ne lui demande pas « crois-tu ce que tu lis ? » mais plutôt « comprends-tu ce que tu lis ?» (Actes 8 : 30) De plus, l’intelligence pour comprendre les choses ne vient-elle pas de Dieu ?

     

    Loin de nous appeler à une fois mécanique et aveugle qui devient seulement de la religion, Dieu nous encourage à la réflexion afin de nous approprier sa Parole. « Celui qui réfléchit sur les choses trouve le bonheur. » (Proverbes 16 : 20) C’est à cette condition que Sa Parole, au lieu d’être un cocktail indigeste, deviendra pour nous une nourriture dont les nutriments bien assimilés contribueront à notre croissance spirituelle.

     

    Alors que dit la Bible au sujet des relations sexuelles et du mariage ? Qu’est-ce qui légitime la vie de couple ? Le mariage est-il selon la Bible la condition nécessaire pour que deux personnes puissent avoir des relations sexuelles ou bien sa pensée va-elle plus loin ? C’est ce que nous essayerons de comprendre à travers ces lignes qui je crois seront en bénédiction pour plusieurs.

     

     

    CHAPITRE 1 : LE MARIAGE DANS LA BIBLE, UNE QUESTION DIFFICILE

     

     

    1-1-           Pas de principe formellement explicite

     

    Tous les chrétiens fondamentalistes soutiennent que la Bible interdit les relations sexuelles avant le mariage mais personne ne peut citer un texte biblique suffisamment explicite et formel à ce sujet !

    Cependant, pour soutenir ce qui semble une évidence quand on veut y croire, plusieurs passages de la Bible seront utilisés.

     

    On cite facilement à ce propos Genèse 2 : 18-24 pour dire que Dieu a institué le mariage en Eden et que le premier mariage, célébré par Dieu lui-même, est celui d’Adam et Eve. Non seulement le mot mariage n’apparaît pas dans ce passage mais également ce qui s’est passé en Eden n’est pratiquement pas reproductible pour au moins deux raisons.

     

    Premièrement, il n’y avait sur la terre en ce moment qu’une seule femme et un seul homme. Dieu a fait l’une pour l’autre, même s’il n’a pas dit à Adam que Eve lui était destinée comme épouse (Dieu a juste amené la femme vers l’homme… et ce dernier, à partir des sentiments nés de son contact avec la femme alors qu’il aspirait à un semblable depuis l’expérience de la nomination des animaux, a tiré sa conclusion : c’est elle ce vis-à-vis auquel j’aspire depuis si longtemps… « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair, on l’appellera femme ! »

     

    Secundo, le péché n’était pas encore entré dans le monde. C’était donc deux êtres parfaitement parfaits qui avaient commencé cette expérience de vie commune.

     

    Un autre passage cité est celui d’Hébreux 13 : 4 : « que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de toute souillure… » Que le mariage soit honoré, signifie que le mariage soit considéré comme particulièrement cher, de grand prix, précieux. Cela doit-il être compris comme une interdiction des relations sexuelles avant le mariage ? Peut-être non, peut-être oui, peut-être mieux ?

     

    Les autres passages que l’on cite pour défendre l’interdiction des rapports sexuels avant le mariage sont des passages comme 1 Corinthiens 6 : 13, 18 ; 7 : 2 ; 10 : 8 ; 2 Corinthiens 12 : 21 ; Ephésiens 5 : 3 ; Colossiens 3 : 5 ; 1 Thessaloniciens 4 : 3, etc., où apparaît le mot grec porneiaqui signifie rapport sexuel illicite et qui est traduit en dans les versions françaises de le Bible par impudicité, fornication (rapports sexuels entre deux personnes non mariées entre elles), libertinage (le fait de mener une vie dissolue, dépravée), immoralité (manière de vivre contraire à la morale), inconduite sexuelle (mauvaise conduite sexuelle) ou encore débauche (recherche à l'excès desplaisirs sensuels) selon les traductions. Le terme fornication évoque de façon explicite des rapports sexuels entre deux personnes non mariées.

     

    Mais le choix de ce terme pour traduire le mot grec pornéia (rapport sexuel illicite) résulte d’une interprétation ! Les autres termes ne sont pas explicitement équivalents de rapports sexuels en dehors de mariage. Le libertinage n’est pas limité à la sphère sexuelle et ne peut pas être strictement traduit par rapport sexuel en dehors du mariage. L’immoralité et l’inconduite sexuelles se rapportent à une norme morale, norme qu’on sait variable d’une époque à une autre, d’une culture à une autre. La débauche évoque un excès dans la recherche de plaisirs sexuels et ne peut être considérée comme strictement équivalent à un rapport sexuel hors mariage.

     

    Au total, si on s’en tient au texte biblique, on dira que la Bible considère comme péché, tout rapport sexuel illicite. La question sera donc de savoir quand est-ce qu’un rapport sexuel devient illicite ?

     

     

    1-2-           Mariage, mot rare dans la Bible

     

    Si des situations correspondant à l’union entre un homme sont fréquentes dans la Bible, le mot mariage n’y apparaît que cinq fois, dont une fois seulement dans le Nouveau Testament :

     

    -                     Deutéronome 7 : 3 : Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras pas tes filles à leurs fils et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils…

     

    -                     1 Rois 3 : 1 : Salomon s’allia par mariage avec Pharaon, roi d’Egypte. Il prit pour femme la fille de Pharaon…

     

    -                     2 Rois 8 : 27 : Il (Achazia) marcha dans la voie de la maison d’Achab… car il était allié par mariage à la maison d’Achab

     

    -                     2 Chroniques 18 : 1 : Josaphat eu en abondance des richesses et de la gloire, et il s’allia par mariage avec la maison d’Achab.

     

    -                     Hébreux 13 : 4 : Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de toute souillure.

     

     

    La première occurrence biblique du mot mariage donne le cadre limitatif que Dieu pose pour le mariage : pas de mariage avec les peuples que l’Eternel chassera devant Israël et dont il occupera les territoires.

     

    Les trois autres passages montrent des hommes, tous des rois, qui ont contracté des mariages qu’ils auraient dû éviter.

     

    Le dernier texte et le seul du Nouveau Testament est celui d’Hébreux que nous avons déjà abordé plus haut.

     

    Non seulement aucun de ces textes ne définit ce qu’est le mariage mais aussi aucun d’eux ne dit de façon explicite qu’il est défendu d’avoir des relations sexuelles avant le mariage.

     

     

    1-3-           Pas de modèle

     

     

    Dans la Bible, il n’existe de façon explicite aucun modèle de mariage, aucun exemple-type de mariage que nous pouvons suivre. Des pratiques diverses en ce qui concerne l’union entre deux personnes sont décrites en ce qui concerne le processus ou les cérémonies mais aucune ne peut être considérée comme un modèle formel que nous sommes appelés à répéter. Non seulement à cause des réalités socioculturelles différentes, mais également parce que pour la plupart d’entre eux, ces personnes se sont bien écartées de la pensée de Dieu.

     

    C’est ainsi qu’Abraham, l’ami de Dieu et père de la foi, ne peut être considéré comme un modèle en matière de couple. Prendre pour femme Agar la servante parce que Sara n’enfantait pas n’est certainement pas un exemple à suivre. Isaac fut presque passif dans le choix de sa compagne, cela a été géré par Abraham et Elimélec, même si on peut reconnaître l’intervention de Dieu dans le processus. Jacob le trompeur est devenu polygame malgré lui à cause d’une ruse de Laban et d’une tradition qui lui imposa celle qu’il « doit épouser » à la place de celle qu’il aimait. David, le roi selon le cœur de Dieu, ne fut pas non plus un modèle en matière de couple, Salomon le roi sage et sot est carrément un échec avec ses sept cents femmes et 300 concubines.

     

    Cependant, la Bible ne laisse pas seulement des contre-modèles en matière d’union entre l’homme et la femme. Dans beaucoup de cas, nous n’avons pas de détails sur la vie des couples et nous faisons l’hypothèse de la formule « pas de nouvelles, bonnes nouvelles » ! Noé nous apparaît comme le mari d’une femme et le père d’une famille bien unie et bien structurée. Et nous avons le bel exemple : Joseph et Marie. On les voit en fiançailles, se fréquentant et faisant beaucoup de choses ensemble, respectueux l’un de l’autre, communiquant de façon harmonieuse et efficace, capables de gérer des situations de crises avec loyauté, dans le respect de la Loi. Voilà un des rares que l’on peut encore considérer comme modèle ne serait-ce pour les fiançailles. Par contre, pour la transition de la situation de fiancés à celle de mariés pour Joseph et Marie, la Bible ne nous donne pas de détail.

     

    Avant d’aller plus loin sur ce que la Bible nous révèle sur l’union entre l’homme et la femme dans le cadre du couple, voyons ce qu’a été le mariage chrétien à travers les cultures et les âges de l’Antiquité à nos jours.

     

     

    CHAPITRE 2 : LE MARIAGE CHRETIEN A TRAVERS LES CULTURES ET LES AGES

     

     

    A travers les âges et les cultures, le mariage chrétien a connu des bases légales et théologiques mais surtout des pratiques très diverses.

     

     

    2-1- Le mariage antique

     

     

    Les premiers chrétiens se mariaient selon les coutumes de leurs pays d'origine. Pour les chrétiens juifs par exemple, la Bible montre que cet événement était purement familial, dans la mesure où les mariages sont arrangés pour unir deux familles, c'est à dire deux patrimoines. Rétrospectivement, cela apparaît aujourd'hui comme un concubinage reconnu par les familles des deux époux.

     

    Dans la Bible, pour des temps plus anciens, un seul récit de mariage fait allusion à un acte juridique ; il s'agit du mariage de Ruth et de Booz, et l'acte juridique concernait les terres auxquelles Ruth était liée par son histoire, mais dont Booz était l'héritier au terme de la loi juive.

     

    Ce n'est qu'à partir de l'empereur Constantin Ier le Grand que l'Église conseilla aux chrétiens de protéger juridiquement le mariage chrétien par le mariage civil romain. Le mariage romain est consensuel, mais il faut l'accord des parents. Il cesse avec le consentement. Ceci est fondamental, car ce sera l’axe le plus solide dans toutes les conceptions du mariage chrétien. Ce n’est pas la consommation qui fait le mariage, pas plus que le contrat ou un rite quelconque, c’est la réalité de l’accord des deux partenaires. Le consentement des futurs conjoints est indispensable pour qu'il y ait mariage. La fille doit donc être d'accord. Toutefois il semble bien qu'on ait été tolérant pour les pressions paternelles.

     

    Le divorce existe en droit romain et se fait lorsque le consentement n’existe plus puisque c’est ce dernier qui constitue l’essence du mariage. Le "repudium" est l'acte par lequel on signifie à son partenaire ne plus consentir à l'union. Puisqu’il n'y a pas de consentement mutuel pour le divorce, l’un des deux doit prendre l’initiative. Sous l'Empire, où la femme est émancipée, ce peut être elle aussi bien que l’homme. Il faut noter que le divorce n'exige aucune intervention de l'autorité publique, c'est une affaire purement familiale. Les tribunaux n’interviennent que lorsqu’il y a plainte. Les preuves d'union ou de rupture sont des questions pour lesquelles toutes sortes de réalités extérieures pouvaient servir. Les divorcés ne pouvaient se remarier entre eux dans le droit romain.

     

    Au 4ème concile du Latran, en 1215, le mariage chrétien devient l'objet de décisions juridiques internes à l'Église et, par la même occasion, un sacrement.

     

    La tradition de célébrer le mariage chrétien dans un édifice religieux ne date que du haut Moyen Âge ; en effet, aucun texte des Évangiles n'y fait allusion. La seule intervention du Christ dans un mariage est celle des Noces de Cana où il ne fera pas de bénédiction, mais où il changera, à la demande de Marie, sa mère, l'eau en vin pour que la fête ne soit pas gâchée par le manque de vin.

     

    Contrairement au mariage chrétien, le mariage romain n'était pas fondé sur un consentement initial, mais sur un consentement continu. Faute de consentement, le mariage cesse. Il s'agit d'une affaire privée, et l'autorité publique n'intervient donc pas.

     

    La christianisation de l'empire romain, puis les invasions « barbares » modifièrent ces pratiques. Le mariage devint une cérémonie privée, qui se déroulait au domicile de la future épouse, et donnait lieu à des réjouissances familiales. Une bénédiction était parfois donnée, mais sans qu'elle ait de valeur officielle. Le mariage était un engagement mutuel, écrit et signé, que la législation impériale encadrait.

     

     

    2-2- Le Moyen Âge

     

    2-2-1-    Haute époque

     

    Avec le déclin de l'empire romain, l'habitude de signer un écrit disparut progressivement, laissant la place à de nombreux abus : seuls des témoins (de la cérémonie ou de la vie conjugale), désormais, pouvaient justifier de l'existence de l'union.

     

    De même, les mariages « secrets », les rapts (sans l'accord des parents de la fille, car dans certaines tribus germaines, le rapt était un mode de fiançailles), les divorces et les remariages devinrent courants.

     

    Le mariage se déroule en quatre étapes : la toilette de l'épouse, celle de l'époux, la cérémonie, puis, pour finir, une grande fête où familles et amis se retrouvent.

     

    Le mariage se fait dès la puberté de la fille à l'identique de la coutume romaine. Il en résulte des maternités précoces et un faible ratio d'enfants arrivant à l'âge adulte.

     

    2-2-2-    Moyenne époque

     

    L'Eglise catholique structure la société et organise la famille.

     

    -                     4ème concile du Latran
     

    En 1215, l'Église catholique réglemente le mariage une première fois :

     

    • publication des bans (pour éviter les mariages clandestins)
    • instauration du mariage comme sacrement, donc indissoluble, sauf par la mort
    • exigence du consentement libre et public des époux, échangés de vive voix dans un lieu ouvert (contre les rapts). Si le consentement de l'épouse est une novation absolue, cela ne gène en rien les mariages arrangés.
    • imposition d'un âge minimal des époux (pour éviter le mariage d'enfants, et notamment des très jeunes filles). Actuellement, aux termes du code de droit canonique, le mariage religieux dans l'Eglise catholique ne peut pas être contracté avant 14 ans pour la femme et 16 ans pour l'homme (canon 1083).
    • précision des cas de mariages constatés nuls par l'Eglise, c’est-à-dire n'ayant, en fait, jamais existé. Ces cas sont par exemples : manque de liberté d'un des fiancés (mariage contraint ou forcé), de duperie sur la personne, de rapt, de non-consommation, de mariage clandestin, etc.

     

    Ce concile fixa des règles très largement reprises ensuite dans le mariage civil et laïc, institué en France en 1791.

     

    -                     Concile de Trente
     

    Le concile de Trente (1545-1563) 24e session, 11 novembre 1563. En niant le septième sacrement, les Réformateurs avaient placé le mariage hors du domaine surnaturel et, par voie de conséquence nécessaire, excluent la compétence juridique de l'Eglise sur les cas de mariage.Aussi la mise en valeur du caractère surnaturel du sacrement du mariage comme image terrestre de l'union de Dieu avec son Eglise telle qu'elle est décrite dans le Cantique des cantiques, fut le principal objectif du Concile de Trente dans sa 24e session. Résumé et principales décisions :

     

    • sacramentalité du mariage, contre Luther qui rappelle que le Nouveau Testament ne montre d'institution par Jésus que du baptême et de la Cène,

     

    • monogamie, contre la supposée complaisance des Réformateurs, Luther en particulier, pour la bigamie du landgrave Philippe de Hesse,

     

    • droits de l'Eglise en matière d'administration et de législation du mariage. Ces droits découlent du fait que le mariage est soudain devenu un sacrement. Par le canon 12 sur le sacrement du mariage, ce concile reconnaît à l'Etat une compétence incontestée sur les effets civils du contrat de mariage.

     

    • indissolubilité.

     

    Le mariage doit être :

     

    • précédé de la publication des bans,
    • célébré devant un prêtre et des témoins,
    • matérialisé par la signature des deux époux sur un registre paroissial.

     

    Il peut autoriser la vie séparée durant le mariage dans des cas limités et bien déterminés (Par ex. maladie grave d'un des deux conjoints, époux parti à l'étranger pour une très longue durée, etc. Cf. article 8 des Canons sur le sacrement du mariage de la session XXIV du 11 novembre 1563 : « Si quelqu'un dit que l'Église se trompe lorsqu'elle décrète que, pour de nombreuses raisons, les époux peuvent vivre séparés, sans vie conjugale ou sans vie en commun, pour un temps déterminé ou indéterminé : qu'il soit anathème. »

     

    Par contre, il est interdit de cohabiter hors mariage, c'est une mesure pour limiter les enfants illégitimes. Mais les coutumes sont parfois plus fortes que les injonctions de l'Eglise.

     

     

    2-3-           Temps modernes

     

    Pendant la Révocation de l’Edit de Nantes, une problématique se crée au sein du protestantisme résistant. Les synodes clandestins et les pasteurs réprouvent le double jeu des "réunis". Toutefois, ils encouragent l'appel à un pasteur pour les baptêmes et les mariages célébrés clandestinement, d'où l'habitude de marquer ces évènements sur la page de garde des Bibles familiales.

     

    De même, on organise des mariages collectifs pour tous ceux qui sont en "longues fiançailles" chaque fois qu'une accalmie dans la répression permet la venue d'un pasteur. Ainsi se reconstruisent des communautés. Ces longues fiançailles n'étaient pas plus reconnues que le mariage protestant par les autorités civiles, ici représentées par l'autorité catholique. De nombreux procès (dénonciation, filiation, héritages) avaient lieu autour de cette pratique jugée ambiguë.

     

    Mais en 1731, les parlementaires prennent le mors aux dents quand il devient évident que l'Eglise catholique n'a plus la main sur les mariages protestants. Les tribunaux prononcent des bâtardises et privent des enfants de leur héritage quand ils sont jugés illégitimes. Cette intransigeance montre l'iniquité du système quand sont tenus pour nuls des mariages non canoniques et des contrats de mariage non déclarés. Dès 1774, une mention de bâtardise est ajoutée aux actes de baptêmes d’enfants nés de parents mariés clandestinement (donc protestants).

     

    Il en résulte des troubles à l'ordre public et, surtout, la circulation de libellés et mémoires qui mettent en cause l'iniquité de la législation spécifiquement sur les points suivants :

     

    • contradiction entre l’article 12 de l’édit de Fontainebleau (reconnaissance de la liberté de conscience) et le traitement juridique d’obligation qui interdit la pratique cette liberté ;

     

    • contradiction de droit canonique : la demande en mariage se situe dans le domaine du for externe tandis que la législation oblige le protestant à une profession de foi (domaine du for interne) ; ainsi, ce que les normes ecclésiastiques en vigueur n’ont jamais exigé des catholiques est imposé aux "réunis" au mépris du droit ;

     

    • contradiction sur la théologie du sacrement et le rôle dévolu au prêtre (les vrais ministres du sacrement sont les mariés qui contractent et donc l’obligation de passer devant un prêtre n’est qu’un point de discipline ecclésiastique alors même que les canons du Concile de Trente n’ont jamais été officiellement reçus) donc conflit de compétence entre lois religieuses et lois civiles

     

    • contradiction entre la tradition chrétienne de reconnaissance du mariage naturelaccordé à tous les païens mais refusé aux seuls protestants.

     

    La conclusion de ces mémoires propose :

     

    • la distinction du sacrement et du contrat de mariage civil, pour faire reconnaître tous les mariages protestants clandestins,

     

    • la reconnaissance des droits patrimoniaux des enfants issus de ces mariages du fait du contrat civil.

     

     

    Il s'agit donc d'une forme de mariage civil à utilisation rétroactive de validation des mariages dont la non-reconnaissance était le lieu de troubles à l'ordre civil et surtout à l'ordre économique et patrimonial.

     

    La Révolution française instaure le mariage civil sur des bases similaires à celles du mariage catholique. Toutefois le mariage est un contrat et le divorce est possible.

     

     

    2-4-           De nos jours

     

    2-4-1-    Dispositifs communs à toutes les confessions

     

    Pour les chrétiens, le mariage n’est pas seulement l’amour entre un homme et une femme. Il est aussi le signe de l’amour de Dieu pour les hommes, un signe de son Alliance. C’est à travers leur amour mutuel, dans toutes ses dimensions (partage des bons et des mauvais moments, l’amour physique, la fécondité, le respect de l’autre dans la liberté…) que les époux découvrent ce qu’est l’amour de Dieu pour l’humanité : le don de soi sans réserve. Les réflexions théologiques sur le Cantique des cantiques qui est un poème d'amour entre un homme et une femme, interprété comme l'amour entre Yahvé et Israël, sont sans doute à l'origine de cette perception de l'amour du couple comme image de l'amour de Dieu.

     

    À cette dimension du mariage comme image de l'alliance entre Dieu et son peuple, la théologie paulinienne (Épître aux Éphésiens), qui sert de référence à la définition actuelle du mariage chrétien, ajoute un autre niveau. Les textes de Paul sont fréquemment utilisés dans le mariage chrétien quoique le mariage d'amour soit une conquête récente du début du 20ème siècle.

     

    Pour préparer leur mariage, au cours de quelques réunions avec le pasteur, le prêtre ou une équipe paroissiale, les fiancés choisissent souvent (avec différents degrés de latitude selon les confessions) les cantiques, les chants et le texte de leur engagement mutuel.

     

     

    2-4-2-    Obligations entre époux

     

    Les époux se doivent :

     

    • amour et assistance,
    • Ils élèvent les enfants,
    • la liberté : chacun des fiancés doit être pleinement libre au moment de son engagement
    • la fidélité : ils se promettent fidélité et cette promesse est source de confiance réciproque

     

     

    2-4-3-    Dispositifs particuliers à certaines confessions

     

    -                     Orthodoxe
     

    Il nécessite de contacter le pope et de participer à quelques réunions. Un acte de baptême sera requis. Les fiançailles se célèbrent en même temps que le mariage, et annoncent le début de la cérémonie. La cérémonie orthodoxe est fastueuse, l'église scintille sous l'effet des bougies et des reflets argentés, dorés et de couleurs. Le mariage orthodoxe est célébré au cours d'un office. Des textes du Nouveau Testament sont lus par le pope et les mariés partagent la coupe puis marchent autour de l'autel avec les témoins : chacun des fiancés tiendra un cierge allumé. Ils prononceront leur engagement, puis feront trois fois le tour du lutrin, là où sont disposés les Evangiles.

    Les ministres du culte sont mariés sauf les évêques.

     

    -                     Catholique
     

    Le mariage est un sacrement que se donnent les époux mais il a toujours lieu dans une église ou, le cas échéant, une chapelle familiale. Il est réalisé sous l'autorité de l'évêque du lieu dont dépend le prêtre officiant.

     

    Les familles dont l'un des membres est prêtre doivent demander l'autorisation de l'ordinaire du lieu.

     

    Les religieux de quelques ordres (dominicains, jésuites) ne dépendant que de leur supérieur provincial sont dispensés de l'autorisation de l'évêque et peuvent procéder sans formalité préalable.

     

    -                     Protestantismes européens
     

    Les protestantismes ne connaissent que deux sacrements, Baptême et Cène, seuls fondés dans le Nouveau Testament. Il en résulte que le mariage n'est pas un sacrement.

     

    Le mariage est avant tout un choix personnel des deux époux, un acte civil. La cérémonie religieuse au temple signifie la dimension spirituelle de l'amour conjugal, le couple plaçant son union devant Dieu et sous l'autorité de sa parole.

     

    Le mariage a souvent lieu au cours d'un culte, le plus souvent le dimanche car le jeune couple est aussi placé sous la sauvegarde de la communauté. Au cours de l'office, le couple indique que ses choix de vie sont conformes aux valeurs évangéliques, et le pasteur prononce la bénédiction sur les époux.

     

    -                     Dans les pays non occidentaux

     

    De nos jours, le mariage chrétien se déroule d'une manière relativement similaire dans les différentes confessions: il supplante souvent les traditions locales. On célèbre parfois trois mariages, la dot, le mariage civil apporté souvent par la colonisation de même que le mariage chrétien, tout en considérant le mariage chrétien comme le plus important.

     

     

    2-5-           Que retenir de l’histoire du mariage chrétien à travers les époques et les cultures ?

     

     

    A travers les âges et les cultures, le mariage chrétien a connu des bases légales et théologiques mais surtout des pratiques très diverses. Les premiers chrétiens se mariaient selon les coutumes de leurs pays d'origine. Pour les chrétiens juifs par exemple, la Bible montre que cet événement était purement familial, dans la mesure où les mariages sont arrangés pour unir deux familles, c'est à dire deux patrimoines. Ce n'est qu'à partir de l'empereur Constantin Ier le Grand que l'Église conseilla aux chrétiens de protéger juridiquement le mariage chrétien par le mariage civil romain.

     

    Dans le droit romain c’est le consentement des futurs époux qui fait le mariage, mais il faut l'accord des parents. Il cesse avec le consentement. Alors que le droit romain implique un consentement continu sans lequel le mariage cesse, le mariage chrétien nécessite seulement un consentement initial et est considéré comme indissoluble. Au 4ème concile du Latran, en 1215, le mariage chrétien devient l'objet de décisions juridiques internes à l'Église. L'Église catholique réglemente le mariage une première fois et exige la publication des bans (pour éviter les mariages clandestins), instaure le mariage comme sacrement, donc indissoluble, sauf par la mort, exige le consentement libre et public des époux, échangés de vive voix dans un lieu ouvert (contre les rapts).

     

    La tradition de célébrer le mariage chrétien dans un édifice religieux ne date que du haut Moyen Âge ; en effet, aucun texte des Évangiles n'y fait allusion. La christianisation de l'empire romain, puis les invasions « barbares » modifièrent ces pratiques. Le mariage devint une cérémonie privée, qui se déroulait au domicile de la future épouse, et donnait lieu à des réjouissances familiales. Une bénédiction était parfois donnée, mais sans qu'elle n'ait de valeur officielle. Le mariage était un engagement mutuel, écrit et signé, que la législation impériale encadrait.

     

    On peut conclure qu’à travers les âges et les cultures, le mariage se présente comme un acte à la fois individuel et social.

     

     

    CHAPITRE 3 : RELATIONS SEXUELLES ET MARIAGE, LA BIBLE VA PLUS LOIN

     

     

    Si le mariage a toujours été une réalité individuelle et sociale sans valeur spirituelle intrinsèque, en dehors du fait qu’elle peut être considérée comme une image de l’union de l’Eglise avec le Christ, quelle réponse la Bible apporte-t-elle à la question du lien entre le mariage et les relations sexuelles ?

     

     

    3-1- Pas de texte explicite

     

     

    C’est difficile d’écrire quelque chose de pareil mais c’est avant tout pour moi une attitude que m’impose le respect pour la Parole de Dieu. Si la Bible est la Parole de Dieu, la respecter c’est ne rien lui retirer mais aussi ne rien lui ajouter. Pourquoi faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas dans le souci de préserver une quelconque morale chrétienne ? Il est juste de préserver une certaine morale chrétienne mais il y a atteinte à l’intégrité et à l’autorité de Bible quand on fait passer des règles morales pour la Parole de Dieu. Dans Apocalypse 22 : 17-18, le Seigneur nous clairement en garde contre la tentation d’ajouter ou de retirer des choses à la Révélation. Le débat est le même que pour les boissons alcoolisées. Beaucoup de dirigeants chrétiens insistent que la Bible défend au chrétien de boire des boissons alcoolisées sans pouvoir citer un verset des Ecritures allant explicitement dans ce sens.

     

    Dans la Bible, je ne connais aucun verset qui utilise les expressions « mariage » et « rapports sexuels » en faisant du premier la condition nécessaire aux seconds. Le jour où j’en découvrirai, je changerai aussi ma conviction.

     

    La Bible ne considère comme péché que les « rapports sexuels illicites », ce qui renvoie à la loi et à la morale et dans un sens plus large aux normes sociales. On peut commencer par admettre que la loi à laquelle on peut se référer ici peut être la loi du pays ou de la communauté où l’on vit. Mais cela manque de force et de caractère spirituel intrinsèque si on ne peut pas aussi se référer à une Loi divine. On retrouvera clairement dans la Loi « tu ne commettras point adultère (relation illicite avec une autre épouse) » mais rien de si explicite quand il s’agit de relations sexuelles avant le mariage.

     

     

    3-2- Une déduction à partir d’autres principes bibliques

     

     

    A partir de tout ce qui a été souligné jusque là on pourrait croire que la conclusion serait que les rapports sexuels avant mariage ne sont aucunement un péché d’après la Bible ! Et bien, ce serait une conclusion trop rapide et fausse.

     

    Un fondement important de l’interprétation de la Bible est de reconnaître que la Bible ne se contredit pas et que tous les textes bibliques forment un tout cohérent. Ainsi, ce qui n’est pas clair dans un verset peut se clarifier soit dans les autres versets du chapitre, soit dans les autres chapitres du livre soit dans d’autres livres de la Bible.

     

    A partir de là, il n’est pas difficile d’établir à partir des Ecritures que les relations sexuelles avant le mariage constituent un péché.

     

    Il est clair dans la Bible que les relations sexuelles illicites sont un péché. Le caractère illicite des rapports sexuels fait allusion aux relations sexuelles interdites par la loi ou par la morale. En nous appelant à respecter les autorités (Romains 13 :1 ; Tite 3 :1), la Bible donne la valeur de la loi établie par les autorités pour le croyant. Et quand elle nous exhorte à être irréprochables, non seulement devant Dieu mais aussi devant les hommes (Actes 24 :16 ; 2 Corinthiens 8 : 21), la Bible nous donne le poids des normes sociales. En effet, Dieu nous considère dans notre réalité humaine individuelle et sociale et ses commandements en tiennent compte. Nous ne pouvons pas nous comporter d’une manière inconséquente par rapport à la loi et aux réalités sociales de notre milieu de vie parce que nous sommes citoyens célestes.

     

    Il est aussi intéressant de remarquer que « relations sexuelles illicites » ne peut pas se limiter au seul fait de la chronologie de ses relations sexuelles par rapport au mariage. On doit y inclure toutes les autres formes de relations sexuelles réprouvées par la loi et la morale. C’est d’ailleurs ce qui explique la multitude de mots ou expressions utilisés pour traduire le terme d’une version biblique à l’autre. Nous rappellerons à cet effet l’impudicité, la fornication (rapports sexuels entre deux personnes non mariées entre elles), le libertinage (le fait de mener une vie dissolue, dépravée), immoralité (manière de vivre contraire à la morale), l’inconduite sexuelle (mauvaise conduite sexuelle) ou encore la débauche (recherche à l'excès des plaisirs sensuels) selon les traductions. Et on doit aussi en rapprocher l’homosexualité (1 Corinthiens 6 : 9 ; 1 Timothée 1 : 10 ; version Semeur), la pédophilie (rapport sexuel avec un enfant), la zoophilie (rapport sexuel avec un animal), la nécrophilie (rapport sexuel avec un mort) et toute autre perversion sexuelle.

     

    Mais cette approche où le péché n’est défini que par rapport aux normes légales ou morales pose au moins deux problèmes.

     

    Premièrement elle enlève au péché une part de sa gravité et de son horreur devant Dieu. Dans des rapports sexuels avant mariage, on ne verrait plus un péché authentique mais plutôt une désobéissance aux autorités ou simplement un écart par rapport aux normes morales. Or le péché est avant tout une affaire spirituelle, une affaire qui implique directement Dieu et notre relation avec lui et constitue un danger qui implique notre éternité, bien plus qu’un simple écart par rapport à des normes sociales ou légales de notre pays ou de notre communauté. Remarquons que si on considérait que l’expression « porneia = rapport sexuel illicite » voulait simplement signifier relations sexuelles en dehors du mariage, certains homosexuels « légalement mariés » ne seront pas considérés comme étant dans le péché !

     

    Deuxièmement, puisque ce péché ne se définirait que par rapport aux normes légales et morales d’une société donnée, des enfants de Dieu vivant à des époques différentes dans une même communauté donnée pourraient avoir des comportements qui pour les uns seraient un péché et pour les autres ne le seraient pas puisque les normes morales et les lois varient d’une époque à l’autre. De même, deux chrétiens vivant à la même époque mais dans des sociétés différentes pourraient avoir des comportements que Dieu considèrerait comme péchés pour l’un et admis pour l’autre puisque les normes morales et les lois varient d’une société à l’autre. De façon plus caricaturale, un chrétien qui voyage aura des comportements qui sont tantôt péchés tantôt admis selon les normes morales et les lois du pays ou de la société dans laquelle il se retrouve. Cela parait à l’évidence aberrant et on devrait se demander si la Bible ne nous donne pas plus d’argument en faveur de la pureté à attacher aux rapports sexuels.

     

     

    3-3- Un principe originel plus profond

     

     

    Une des règles cardinales de la lecture principielle de la Bible est que l’Ecriture s’explique par l’Ecriture : c’est l’analogie de la foi. Un passage biblique se comprend à la lumière de tous les autres. Puisque c’est le même Esprit qui inspire les différents textes, il y a une uniformité d’esprit entre les différents textes. Cette règle a comme implication majeure que la première mention d’un principe est le plus important.

     

    Parlant de l’union et des relations entre l’homme et la femme, la première mention biblique est rapportée dans le texte de genèse 2 : 18-24 que nous avons commencé à évoquer plus haut :« L’Eternel Dieu dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui. L’Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux des cieux, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme. Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui. Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme parce qu’elle a été prise de l’homme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair ».

     

    Nous nous attarderons donc à décortiquer ce passage afin de découvrir jusqu’où la Parole de Dieu nous amène en ce qui concerne l’union et les rapports entre l’homme et la femme.

     

    -                     Le contexte du texte 

     

    Nous sommes au tout début de la création, au 6ème jour de la création puisque Dieu a créé l’homme le 6ème jour et a achevé son œuvre créatrice première ce jour même. En ce 6ème jour dont nous ne connaissons pas la durée comparativement à nos jours actuels de 24 h, Dieu s’est occupé de la création des animaux qui devrait peupler la terre ferme. Après avoir créé tous ces animaux, Dieu se tourna maintenant vers son chef-d’œuvre dont l’idée a probablement a été à l’origine de la création de la terre. Oui, on peut bien affirmer que dès le commencement de la création de la terre, Dieu visait l’homme. Dieu eut l’idée de créer l’homme à son image.

     

    Mais où va-t-il habiter cet homme ? C’est probablement ce qui mobilisa Dieu dans la création du merveilleux environnement terrestre pour l’homme. Et quand Dieu eut fini de créer tout ce qui était nécessaire à l’épanouissement de l’homme dans son milieu, il dévoile le couronnement de son projet de création. Nous sommes là à Genèse 1 : 26 : « Puis Dieu dit : faisons l’homme (aw-dawm’ ou adam = être humain) à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ». Le verset qui suit résume la création de la race humaine : « Dieu créa l’homme (aw-dawm’ ou adam = être humain) à son image, il le créa à l’image de Dieu, il le créa homme (zaw-kwar’ ou zakar = le mâle) et femme (nek-ay-baw’ ou naqebah = la femelle) » (Genèse 1 : 27). Dans ce verset on voit déjà la réalité du fait que l’homme « zakar », le mâle, et la femme « naqebah », la femelle, étaient tous deux contenus dans l’homme « adam ». Le passage de Genèse 2 : 18-24 viendra apporter des détails sur le déroulement de cette création.

     

    -                     Analyse du texte

     

    o             Genèse 2 : 18 : « L’Eternel Dieu dit : il n’est pas bon que l’homme (aw-dawm’ ou adam = être humain) soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui. »

     

    Ce verset nous rend compte d’un discours de Dieu. « L’Eternel Dieu dit. » Le contenu du discours est en deux portions.

     

    D’abord un constat, une appréciation, une évaluation de Dieu sur la condition de l’homme : « il n’est pas bon que l’homme (adam, être humain) soit seul… » Rappelons-nous que nous sommes toujours au 6è jour. Dieu n’a pas mis des jours et des jours pour faire ce constat même si nous ne pouvons pas dire combien de temps cela représente avec nos repères d’aujourd’hui. Il a trouvé quelque chose qui n’était pas bon au cours de son processus de création. Cela ne veut certainement pas dire que Dieu n’avait pas prévu dès l’origine de créer Eve. En fait dans la formulation « à notre image » on peut déjà supposer la pluralité intrinsèque à l’être humain tout comme Dieu tout en étant un est Père, Fils et Esprit-Saint c'est-à-dire intrinsèquement pluriel.

     

    Dieu parle de façon à nous faire comprendre ce qu’il faisait mais aussi pour attirer notre attention sur la place qu’il voulait donner à chacun des deux membres qui constituait l’être humain. Il est capital de remarquer ici que le texte hébreu n’utilise pas le mot « zakar, le mâle » mais plutôt le mot « adam, l’être humain. » Dieu n’a pas dit « il n’est pas bon que le mâle soit seul », mais « il n’est pas bon que l’être humain soit seul. »

     

    Cela présuppose d’une part que jusqu’à cette étape de la création, l’être humain qui existait n’était pas intrinsèquement mâle (même si on peut supposer qu’il avait les caractères extérieurs du mâle, la Bible n’en précise rien) mais qu’il renfermait en lui toute l’humanité. En fait, la création de l’être humain n’était pas encore achevée, elle n’était pas encore parfaite et c’est d’ailleurs pourquoi Dieu peut exprimer le constat qu’il n’est pas bon que les choses restent telles quelles. Il y avait encore quelque chose de l’humain qui doit être révélé.

     

    Dieu poursuit alors son discours par la déclaration d’une intention : «… je lui ferai une aide semblable à lui. » Dieu se donnait donc pour projet de faire à l’homme « adam », être humain, une aide semblable à lui. Il est encore curieux de remarquer que même dans ce verset le mot hébreu traduit en français par homme n’est pas « zakar », le mâle, mais « adam », l’humain. Connaissant la suite de l’histoire et sachant que finalement Dieu a fait une femme (la femelle) nous mettrions volontiers le mot « zakar » à la place du mot « adam » dans ce verset. Cette précision du texte hébreu confirme d’une part la force de l’inspiration des Ecritures et d’autre part l’utilité de faire des retours aux textes originaux ! Les bonnes traductions peuvent comporter des erreurs humaines mais le texte biblique original reste infaillible et sans erreur.

     

    Le mot hébreu pour « aide semblable » est « ezer kenegdo ». Ezer décrit une collaboration lorsque la force d’une personne est insuffisante : le soutien, le secours. Dans la Bible, ce thème est souvent utilisé pour Dieu comme le soutien et le secours de l’homme. Le mot kenegdo signifie correspondant, face à face ; et dans ce mot il y a la racine d’un verbe qui signifie communiquer par la parole. Ezer kenegdo c’est donc un soutien, un vis-à-vis de l’autre par la communication. Supposons qu’ « adam », l’être humain, écoutait Dieu révéler cette intention. Qu’aurait-il pu imaginer ? Il sera certainement impatient de savoir comment cela va se passer, d’où viendra ce vis-à-vis, à quoi ressemblera ce semblable... ?

     

    Dieu va maintenant mettre son projet à exécution de façon progressive. Nous passons donc au verset suivant.

     

     

    o             Genèse 2 : 19 : « L’Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux des cieux, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme. »

     

    Ce verset est un récit. Il ne s’inscrit pas entièrement dans la chronologie de la création. En fait la portion « L’Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux des cieux » est un rappel qui renvoie à des évènements du 5ème jour et des événements du début du 6ème jour qui ont lieu bien avant la création de l’homme. La portion suivante «… et il les fit venir vers l’homme (« adam », l’être humain), pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme (« adam », l’être humain) » quant à elle s’inscrit bien dans la suite du projet de Dieu de faire une « aide semblable » à l’humain.

     

    Deux objectifs sont clairement exprimés pour cette première étape que Dieu a choisie.

     

    Premièrement, voir comment l’humain appellerait les animaux que Dieu fait venir vers lui. Certains pensent que le fait que l’homme devait d’abord nommer les animaux était un test de sa maturité intellectuelle. On peut l’admettre mais je me demande si l’homme aurait été déclaré intellectuellement immature s’il donnait au lion le nom de pigeon et à l’aigle celui de bœuf. A mon avis l’enjeu est ailleurs. Nommer quelque chose ou quelqu’un c’est le reconnaître parmi une multitude de choses ou d’individus et le distinguer des autres. C’est reconnaître ses caractéristiques particulières qui le distinguent parmi d’autres. En nommant les animaux, « adam », l’humain, reconnaissait leurs distinctions les uns d’avec les autres mais par la même occasion leur distinction d’avec lui. C’est d’ailleurs ce qui sera clairement exprimé par la suite.

     

    Le deuxième objectif clairement exprimé était : « et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme (« adam », l’être humain) ». Ici c’est à la fois une marque de la responsabilité de l’homme mais aussi de son autorité vis-à-vis des animaux. Il est intéressant, et je le répète à dessein, de remarquer que jusque là, ce qui se passe concerne l’humain « adam », donc le mâle et la femelle ne sont pas encore séparés.

     

    Un troisième objectif de cette démarche divine, mais non exprimé par le texte biblique, pourrait être de susciter le désir et le manque chez « adam ». Il verra les animaux passer, il remarquera qu’ils sont en couple alors que lui est seul, et de là, peut naître le désir d’être aussi en couple et, comme il ne verra rien comme lui, le manque sera créé dans l’attente de la solution divine. Dieu ne voulait certainement pas prendre le risque d’amener devant « adam » une femme dont il n’en ressentait pas le besoin !

     

    o             Genèse 2 : 20 : « Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui ».

     

    Dans la première partie de ce verset on voit l’homme réussir la mission explicite que Dieu lui avait assignée par rapport aux animaux : il les a nommés. La deuxième partie est pourtant curieuse si on ne tient pas compte de ce qui est implicite dans le fait de nommer. En effet Dieu ne lui a pas dit qu’il lui amenait les animaux pour qu’il trouve son aide semblable parmi eux ! Mais parce que nommer sous-entend aussi reconnaître et distinguer, cet exercice a permis à « adam » de savoir que rien de semblable à lui n’existe dans la création jusque là. Il devait certainement être un peu déçu. Il doit avoir espéré trouver un semblable parmi les animaux. J’imagine qu’il a dû hésiter en voyant les chimpanzés mais, n’en déplaise aux évolutionnistes qui trouvent que les grands primates sont des cousins de l’homme, pour « adam », aucun primate ne correspondait au vis-à-vis qu’il recherchait.

     

    o             Genèse 2 : 21 : « Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme(« adam », l’être humain), qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place ».

     

    Maintenant Dieu s’est mis en action pour parfaire son œuvre créatrice ! Il ne va pas recommencer avec la terre comme il a fait pour « adam », l’humain, mais plutôt révéler ce qui est caché dans « adam ». Pour cela il lui faut de la chirurgie et toute chirurgie lourde nécessite un sommeil profond. C’est donc ce que Dieu fit : il fit tomber un profond sommeil sur « adam », prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. Par cet acte chirurgical d’ablation d’une côte, Dieu vient de fragiliser « adam » l’humain. Les côtes servent à protéger les organes nobles de la cage thoracique dont notamment le cœur, les poumons, le foie et la rate. Sans les côtes ces organes seraient plus facilement exposés aux chocs extérieurs. A partir du moment où une côte a été retirée, « adam » est fragilisé et certainement n’est plus complet. Il lui manque une partie de lui-même. Qu’est-ce que Dieu va faire de cette côte ?

     

    o             Genèse 2 : 22 : « L’Eternel Dieu forma une femme (« ish-shaw ou ishshah » = « opposée de l’homme ou épouse ») de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme (« adam », l’être humain) ».

     

    Avec la côte retirée à « adam » Dieu a fait une femme (ishshah, opposé de l’homme ou épouse). Une fois encore c’est merveilleux de constater la richesse, la précision et la nuance du texte hébreu. Ici il ne s’agit plus de femme « naqebah » la femelle mais de « ishshah » l’opposé de l’homme ou l’épouse. Un grand changement est donc en cours. La femme qui apparaît ici n’est plus seulement la femelle indistincte contenue dans l’humain mais elle prend un caractère distinctif particulier qui apparaît dans l’expression « opposé de l’homme ». Elle n’est plus contenue dans « adam », elle existe à part entière, distinctement.

     

    Dans l’expression « opposée de l’homme » on peut aussi voir l’image de deux individus de signes opposés : l’un négatif et l’autre positif et on comprend que ces deux individus vont désormais s’attirer. La femme que Dieu forma de l’homme n’est pas un individu devant lequel l’homme pourrait rester neutre. Dieu l’a formée de sorte qu’en présence de l’homme, une attraction se crée entre les deux. La femme et l’homme portent des charges opposées afin qu’en présence l’un de l’autre les champs électriques qui se créent soient des champs d’attraction. Si l’homme et la femme avaient la même charge, ils se repousseraient plutôt que de s’attirer. Ceci explique peut-être que dans un couple où cette différence n’est pas respectée, il y ait de peu de chances que l’attraction soit maintenue !

     

    « Opposée de l’homme » peut aussi faire penser à l’image de deux Légos complémentaires. Deux Légos opposés sont en fait complémentaires : l’un comporte un creux ou une faille dans laquelle l’autre s’incruste parfaitement. Et c’est bien ça la réalité de l’homme et son « opposée » qui vient d’être créée : Dieu a fait un trou dans l’homme en enlevant une côte avec laquelle il forme l’opposée de l’homme.

     

    Jusque là, l’homme est toujours appelé « adam », l’humain, bien qu’il ne soit plus en réalité dans son état complet initial. On peut supposer que jusque là l’homme ne s’est pas encore rendu compte de ce qui s’est passé.

     

    Remarquons enfin par rapport à ce verset que Dieu a répété la procédure qu’il avait précédemment utilisée avec les animaux : il amène la femme vers l’homme. On ne peut pas dire que Dieu a donné la femme en mariage à l’homme, encore moins qu’il a célébré le mariage entre Adam et Eve. Il a simplement permis leur rencontre. Si mariage il y a eu à cette occasion, nous pouvons tout au plus dire que Dieu était en position de témoin, comme Jésus le sera aux noces de Cana.

     

    o             Genèse 2 : 23 : « Et l’homme (« adam », l’être humain) dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme (ishshah, opposée de l’homme ou épouse) parce qu’elle a été prise de l’homme (« iysh ou eesh » = en contraste avec la femme ou mari) ».

     

    Dieu a-t-il eu le temps de dire un mot à « adam » quand il amena vers lui la femme ? La Bible n’en dit rien. On peut imaginer que devant cette créature merveilleuse qui apparaissait devant lui, « adam » n’a pas pu retenir son émotion et s’est laissé aller à une déclaration poétique. Il y a longtemps (au cours du 6ème jour !) qu’il attendait ce vis-à-vis promis. Il a vu passer des milliers et des milliers d’animaux mais aucun ne lui ressemblait. Il a conclu qu’il n’a aucun semblable sur terre et, subitement, sortant d’un profond sommeil, il se trouve en face d’une créature qui lui ressemble, qui l’attire par ses charges opposées, qui peut combler le vide créé en lui par l’ablation d’une côte.

     

    Comment « adam » a-t-il su que cette créature qui est devant lui est « os de ses os et chair de sa chair » ? (Au passage, « adam » nous informe que Dieu n’a pas enlevé une côte sèche c’est-à-dire seulement un os, mais qu’il avait aussi emporté des muscles, la chair, qui étaient sur cette côte !). On peut imaginer que la ressemblance était tellement évidente que « adam » était sûr que c’était une « autre lui » qui était là. De plus le doute quant à son origine pouvait être ôté parce que « adam » savait qu’une telle créature n’existait pas sur terre ; il avait vu défiler tous les animaux, aucun ne ressemblait à la femme ! Peut-être aussi Dieu lui avait-il expliqué ce qu’il allait faire c’est-à-dire retirer de lui une côte pour former la femme, mais cela n’enlève pas l’émerveillement de « adam » devant cette créature nouvelle qui fait tant d’effets sur lui !

     

    Le plus intéressant dans ce verset, c’est que pour la première fois, un troisième mot hébreu apparaît pour le désigner l’homme. Au début c’était « adam » l’être humain, puis ce fut « zakar » le mâle et maintenant c’est « iysh ou eesh » qui se définit par rapport à « ishshah ». Non seulement l’homme venait de se rendre compte qu’il n’était plus l’ « adam » qu’il était au début, quelque chose avait changé en lui, mais aussi il se rendait compte que la créature qui était en face de lui, lui ressemblait tout en étant différente. Il a pu penser : « Elle me ressemble, c’est presque moi, elle est de mon espèce, mais elle est aussi différente. Alors si je ne suis plus « adam » à part entière, je suis donc devenu « iysh » et elle, la partie complémentaire qui a été retirée de moi, est « ishshah » ; ensemble nous constituons « adam », nous sommes complémentaires… » ! Désormais « adam » est révélé : il est « iysh » + « ishshah ».

     

    o             Genèse 2 : 24 : « C’est pourquoi l’homme (« iysh ») quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme (« ishshah »), et ils deviendront une seule chair ».

     

    De qui est cette déclaration ?

     

    De « Adam » ou plus exactement « Iysh » ? Certainement pas. Il venait de faire sa plus merveilleuse déclaration et non seulement je pense qu’il n’avait rien à y ajouter mais probablement s’il avait quelque chose à faire à partir de ce moment là, c’était d’entrer en relation avec sa « ishshah » plutôt que de se mettre à établir des principes ! Plus sérieux, dans cette déclaration, on parle de père et de mère. Adam n’en avait pas l’expérience.

     

    De Moïse, l’auteur inspiré du livre de la Genèse ? Cela est possible. On peut imaginer qu’au fur et à mesure que Dieu lui donnait la révélation de ce qui s’est passé au commencement avec la description des conditions de création de l’homme et de la femme, Moïse en soit arrivé à une sorte d’éclairage.

     

    Comme s’il finissait par dire : « ah, je vois maintenant… », en hochant la tête, « … je vois… si les choses ont été comme ça, je comprends pourquoi il faut que l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme… » Cela n’en est pas moins la Parole de Dieu puisque tout ce qui nous est laissé dans les Ecritures est inspiré de Dieu.

     

    De Dieu ? Encore plus probable. Après avoir décrit à Moïse tout ce qui s’est passé à la création de l’homme et de la femme, Dieu montre à Moïse que c’est pour toutes ces raisons qu’il faut que l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme… Matthieu 19 : 5 laisse entendre que c’est bel et bien Dieu qui a prononcé cette phrase.

     

    Dans tous les cas, que ce soit une parole inspirée découlant d’une prise de conscience de Moïse ou qu’il s’agisse des paroles mêmes de Dieu, ce verset ne date pas du 6ème jour, même pas du temps de l’Eden. Il a été prononcé bien plus tard, au moment où Moïse recevait la révélation sur les événements du commencement mais il reste en lien absolu avec les conditions de création de l’homme et de la femme, donc avec les versets 18 à 23, et son introduction établit clairement ce lien.

     

    Le contexte de ce verset défini, venons-en maintenant à son contenu.

     

    §                    « C’est pourquoi… » : c’est une conséquence, une déduction logique de tout ce qui précède. Et Dieu sait que ce qui précède est riche, détaillé et précis.

     

    §                    « … l’homme (« iysh »)… » : c’est bien de l’homme, « iysh » qu’il s’agit. C’est un être qui se définit par contraste avec « ishshah ». Les individus que Dieu attend dans le type de relation qu’il va décrire dans ce verset sont des êtres complémentaires par leur nature même. On peut donc affirmer que les homosexuels n’y sont pas attendus.

     

    §                    « … quittera son père et sa mère… » : il est question ici de liberté et d’indépendance. Indépendance sociale, matérielle, intellectuelle et affective. L’homme candidat à ce type de relation doit préalablement acquérir son indépendance, c'est-à-dire être capable d’exister par lui-même sans dépendre entièrement des autres. Il doit pouvoir subvenir à ses besoins matériels, il doit pouvoir prendre des décisions de façon autonome, il doit pouvoir se séparer des liens affectifs exclusifs qu’il a pu avoir jusque là avec son entourage familial.

     

    §                    « …et s’attachera… » : s’attacher à, c’est se lier à, s’accrocher à, se coller à, s’unir à… Il est bien question de lien et c’est probablement dans cette notion que réside le nœud de tout ce que nous essayons de développer jusque là.

     

    Dans le contexte où nous sommes, ce lien c’est avant tout l’attachement, c'est-à-dire l’amour entre l’homme et la femme. Quand on peut interchanger ici les mots attachement et amour, il s’agit de l’amour dans le plein sens du mot c’est-à dire « eros », « phileo » et « agape ».

     

    « Eros » c’est l’amour sensuel qui implique la sexualité. Il est égocentrique, chargé de désir et d’aspiration, il s’élève vers la conquête de l’objet d’amour qui l’attire par sa beauté. « Eros » reconnaît la valeur intrinsèque de l’objet d’amour qui a quelque chose d’attrayant. C’est un amour qui regarde en haut, vers l’objet d’amour qui a quelque chose à donner. « Eros » prend ! « Eros » implique le corps et ses sensations.

     

    « Phileo » c’est l’amour en réponse à ce qui nous procure un plaisir. Il est souvent utilisé pour décrire une affection amicale. C’est du donnant-donnant, celui qu’on pourrait placer dans le fameux « aime qui t’aime ». Il est discriminatoire et conditionnel, se mérite, se donne « à cause de… » C’est un échange à un même niveau, il ne s’élève ni ne s’abaisse. « Phileo » échange ! Puisqu’il intervient en réponse à ce que nous éprouvons comme agréable de la part de quelqu’un « phileo » implique notre ressenti émotionnel, et de façon matérialisée les centres émotionnels sous corticaux ou encore notre « âme », notre « cœur ».

     

    « Agape » c’est l’amour qui se sacrifie, qui ose perdre sa vie. C’est l’amour désintéressé, inconditionnel, qui fait don de soi. Il n’est pas motivé, n’est pas mérité, se donne « malgré… » Indépendant de la valeur de son objet, c’est l’amour qui regarde en bas vers un objet dont il crée la valeur. « Agape » donne ! « Agape » implique notre décision, notre volonté et de façon matérialisée le cortex cérébral ou si on veut notre « esprit ».

     

    Ce lien ou attachement dont il est question dans ce verset impliquerait donc le corps, l’âme et l’esprit de celui qui s’y engage ; il engage l’être entier. Je ne connais rien de plus fort pour lier deux personnes ! Ce lien qui unit deux individus dans la globalité de leur être peut s’envisager comme indissoluble. On pourrait comprendre que tant que l’un d’eux est encore vivant, il est inconcevable d’imaginer une séparation. C’est peut-être justement là la raison de la déclaration de Jésus quand il dit « que l’homme ne sépare point ce que Dieu a joint » (Matthieu 19 : 6). Attention à ne pas s’écarter de l’enjeu qui nous amène à ce développement ! Nous sommes entrain d’explorer la déclaration solennelle de Dieu au sujet de l’union entre l’homme et la femme et nous en sommes arrivés au fait que l’homme « s’attachera ».

     

    Si s’attacher peut avoir toute la profondeur que nous venons de décrire, nous pouvons nous rendre compte que c’est une condition très précieuse et sérieuse. Cet attachement qui engage l’être dans sa globalité est bien plus qu’une cérémonie, qu’elle soit pratiquée devant les familles, les autorités municipales ou encore devant une église. On peut passer devant ses différentes instances sans vraiment être engagé à la dimension d’attachement décrit précédemment. On connaît les mariages forcés où l’un des conjoints se voit engagé dans un lien malgré lui. On ne peut pas dire qu’il est « attaché » à la personne qu’il épouse même si des registres sont signés. On connaît aussi des mariages d’intérêt ou des gens s’engagent simplement pour ce qu’ils peuvent gagner de l’union. Là non plus la condition d’ « attachement » n’est pas vraiment remplie. C’est dire que des gens peuvent bien « se marier » sans remplir la condition d’attachement présentée dans ce verset ! Et si cette condition était un préalable aux rapports sexuels, ce qui reste à démontrer, on conclurait que le mariage n’est pas une condition suffisante aux rapports sexuels ! Intéressant n’est-ce pas ?

     

    Nous avons dit que s’attacher c’est se lier et ce lien c’est avant tout l’attachement ou l’amour dans toute sa portée entre l’homme et la femme. Si le lien attachement ou amour est invisible et individuel, il pourrait aussi avoir une expression visible et publique. Et c’est là que les diverses dispositions socioculturelles trouveront leur place. Il s’agit de la dot (gage du mariage devant les familles dans les cultures africaines notamment), du mariage civil (devant les autorités publiques) et de la bénédiction nuptiale (considérée par certains comme le mariage religieux). Mais ces différentes cérémonies ne peuvent pas se substituer à l’attachement et à l’amour entre les deux individus.

     

    Continuons l’exploration de notre verset.

     

    §                    «… à sa femme… » : on peut juste retenir ici que dans la pensée de Dieu, il n’y a pas de place pour la bigamie ou la polygamie : l’homme s’attachera à « sa » femme, c’est une seule femme. Il n’y a pas non plus de place pour l’adultère ou l’échangisme : l’homme s’attachera à « sa » femme, la sienne, pas à celle d’un autre. Et une fois encore il n’y a pas de place pour l’homosexualité : l’homme s’attache à sa « femme », sa « ishshah » qui lui est opposée ou complémentaire.

     

    §                    « … et… » : voici la conjonction de coordination la plus utilisée de la langue françaisequi subitement a besoin qu’on s’y attarde un peu pour en comprendre le sens ! Cela est important en effet car le lien que nous établirons entre les portions précédentes du verset et la courte portion qui va suivre est d’une valeur capitale pour la compréhension du verset.

     

    La conjonction de coordination « et » sert pour exprimer une addition, un rapprochement ou une conséquence. Quand je dis : « J’ai mangé une orange et une mangue », ici et exprime une addition. Quand je dis : « Il a coupé le compteur et appelé les secours », ici et exprime un rapprochement. Et quand je dis : « Nous nous sommes rendu compte que nous avions beaucoup de points d’intérêts communs et nous sommes devenus amis », ici et exprime une conséquence. Si les sens d’addition et de rapprochement sont apparentés, il n’en est pas de même pour la conséquence parce que cela modifie énormément les rapports entre les deux portions de la phrase. Dans le rapprochement ou l’addition, et peut être remplacé par puis ou ensuite ; dans la conséquence, il peut être remplacé par ainsi ou alors.

     

    Dans notre verset, la portion finale « ils deviendront une seule chair » est-elle juste une addition ou un rapprochement à ce qui précède ou une conséquence de ce qui précède ?

     

    S’il s’agit d’un rapprochement ou d’une addition, le verset peut être reformulé de la façon suivante :« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, « puis » (ou« ensuite ») ils deviendront une seule chair ». On comprendra alors le verset comme suit : premièrement l’homme quittera son père et sa mère, deuxièmement il s’attachera à sa femme,troisièmement ils deviendront une seule chair. Dans ce cas, « devenir une seule chair » est une prochaine étape à franchir.

     

    S’il s’agit d’une conséquence, le verset se reformulera comme suit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, « ainsi »(ou « alors ») ils deviendront une seule chair ». Dans ce cas, le verset se comprendra comme suit : premièrement l’homme quittera son père et sa mère, deuxièmement il s’attachera à sa femme, si ces conditions sont remplies, ils deviendront une seule chair.

     

    Voici donc un verset dont la compréhension pourrait changer à partir juste d’une conjonction de coordination ! Nous verrons quel sens parait le plus plausible quand nous aurons examiné la portion suivante.

     

    §                    « … ils deviendront une seule chair » : Pour certains, « devenir une seule chair » c’est « avoir des rapports sexuels ». Pour eux, le verset voudra dire : « l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, ensuite ils pourront avoir des rapports sexuels ». Il faut ajouter aussi que pour ceux qui ont cet avis, « s’attacher à sa femme » veut dire « se marier ». Et le verset 24 de Genèse 2 voudra simplement dire qu’il faut se marier pour avoir des rapports sexuels. Au vu de tout ce que nous venons de développer, cela parait très réducteur même si ça permet de résoudre magistralement des questions difficiles.

     

    Pouvons-nous et devons-nous comprendre dans « devenir une seule chair » autre chose qu’avoir des rapports sexuels ?

     

    Il semble que la réponse biblique à ce questionnement est oui. En effet dans 1 Corinthiens 6 : 16-17, parlant de l’impudicité, l’apôtre Paul dit ceci : « Loin de là ! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit ».

     

    Dans ce verset nous retrouvons le verbe « s’attacher » qui peut, dans le cas de l’attachement à la prostituée prendre les sens de « eros » et de « phileo » et dans l’attachement au Seigneur, prendre les sens de « phileo » et « agape ». Si « devenir une seule chair » voulait dire « avoir des rapports sexuels », Paul serait entrain de dire « ne savez vous pas que celui qui s’attache à la prostituée a des rapports sexuels avec elle » ? D’emblée il y a quelque chose qui ne va pas parce qu’il est évident que l’attachement à une prostituée est en fait un euphémisme pour parler des rapports sexuels avec elle. De plus, dans cette logique, je ne vois aucune façon de comprendre l’expression « devenir un seul esprit avec le Seigneur ».

     

    L’expression « devenir une seule chair » ne veut donc certainement pas dire « avoir des rapports sexuels ». Que peut-on y comprendre alors ?

     

    D’abord il s’agit avant tout d’une métaphore. Quand le texte biblique dit que l’homme et la femme deviendront une seule chair, il ne veut pas dire que les deux vont se fondre physiquement en un seul être. Même si dans le processus de la création, la femme a été formée à partir d’une côte de l’homme, elle n’est pas restée seulement « côte » et ne peut donc plus s’incruster physiquement dans l’homme pour former une seule chair au sens littéral du thème. « Devenir une seule chair » renvoie plutôt à l’intimité qui se crée entre deux personnes qui s’attachent l’un à l’autre, une telle intimité qu’on pourrait dire que les deux ne forment qu’un.

     

    Les deux personnes continuent d’exister en tant qu’individus distincts avec leurs différences personnelles mais ils forment une union si harmonieuse qu’on dirait qu’ils ne sont qu’une seule personne. C’est cette idée d’intimité que l’on peut retrouver dans 1 Corinthiens 6 : 16-17 où on peut évoquer une intimité charnelle entre la prostituée et celui qui s’attache à elle et une intimité spirituelle entre le Seigneur et celui qui s’attache à lui.

     

    Revenant maintenant sur la conjonction de coordination et qui lie « ils deviendront une seule chair » à la première portion du verset, le sens le plus plausible au vu de ce qui précède est celui de « ainsi » ou « alors ». Le verset se reformulera donc comme suit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, ainsi (ou alors) ils deviendront une seule chair » et on pourra y comprendre : Premièrement l’homme quittera son père et sa mère, deuxièmement il s’attachera à sa femme ; si ces conditions sont remplies, ils réalisent une intimité telle que les deux seront comme une seule personne.

     

     

    3-4- Que retenir de Genèse 2 : 18-24 ?

     

     

    Dans l’étude détaillée de la première mention de l’union entre un homme et une femme dans la Bible, nous trouvons le Créateur qui au cours du 6ème jour, créa « adam » (être humain), « zakar » (le mâle) et « naqebah » (la femelle). Au début le mâle et la femelle étaient incorporés dans un seul être. Dieu avait en projet de révéler les deux personnes différentes qui étaient incorporées dans l’humain. Mais sachant l’importance de la reconnaissance de leur origine commune et de leur complémentarité dans ses projets pour la terre, Dieu fit défiler tous les animaux devant« adam » afin qu’il les nommât.

     

    Au cours de cette tâche, « adam » se rendit compte que les autres animaux étaient totalement différents de lui et qu’ils existaient en couple. Le désir d’avoir un vis-à-vis semblable naquit en lui et ce désir ne put être comblé à l’étape actuelle de la création, d’où le manque. C’est à ce moment que Dieu paracheva son œuvre créatrice en retirant une côte d’« adam » pour en former la femme. A la vue de cette créature merveilleuse qui lui ressemblait tant tout en étant différente, cette créature si opposée et complémentaire à lui, « adam » se donna un nouveau nom en miroir de celui qu’il venait de donner à la femme : elle s’appellera «ishshah » et moi « iysh ».

     

    Plus tard, quand Dieu révèlera à Moïse les différentes étapes ayant conduit à la création de l’homme et de la femme, un principe divin s’établit comme une déduction logique de ce qui s’est passé : l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. Il s’agit donc pour l’homme de s’affranchir de la dépendance à l’égard des parents, de se lier corps, âme et esprit à sa femme et ainsi il s’établit une intimité telle qu’on prendrait les deux pour une seule personne. On admettra facilement que cette démarche est réciproque, c'est-à-dire que la femme devrait faire la même démarche que l’homme.

     

     

    3-5- Où est la place du mariage dans tout ça ?

     

     

    Nous pouvons dire que Dieu n’a pas célébré de mariage en Eden. Il a juste amené la femme vers l’homme comme il l’avait fait avec les animaux. Mais face à la femme, l’homme a eu une attitude différente qu’avec les animaux. Alors qu’il s’est contenté avec les animaux de donner des noms de lion, vache, mouton, chimpanzé, canard, biche, … c'est-à-dire seulement une activité intellectuelle, face à la femme il fit une déclaration poétique reflétant à la fois une prise de conscience et une satisfaction émotionnelle profondes : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme parce qu’elle a été prise de l’homme ». A cette même occasion, il se donna un nouveau nom en miroir du nom qu’il donna à la femme ! Une union a été établie au moment de cette rencontre entre l’homme et la femme et s’il faut l’appeler mariage, Dieu aura été seulement témoin de ce mariage.

     

    On peut cependant retrouver (si on le veut) l’idée du mariage dans l’expression « s’attacher » même si on ne peut pas parler d’équivalence entre ses deux notions. En sachant que le mariage est avant tout un acte individuel, personnel et intime avant d’être social, et publique, on peut supposer qu’Adam et Eve n’ayant que pour toute société humaine qu’eux-mêmes, ils ne pouvaient rien organiser sur le plan social, à moins d’inviter les animaux ! Si on ne peut pas recopier le modèle social d’Adam et Eve, la première phase reste cependant un modèle à partir duquel Dieu établit un principe pour l’union de l’homme et la femme.

     

    Les cérémonies extérieures, quelles qu’elles soient, ne sont pas suffisantes pour légitimer l’union entre un homme et une femme telle que Dieu la veut. Il faut avant tout cette démarche de séparation d’avec les parents et d’attachement à l’autre en vue de réaliser une union telle que les deux soient comme un. Cet attachement implique l’être entier, le corps, l’âme et l’esprit à tel point qu’une séparation n’est pas imaginable tant que l’un des deux vit. Si cette condition n’est pas remplie, on est loin de la pensée de Dieu. Tout couple n’ayant pas de tels fondements est donc bibliquement un couple illégitime et on peut conclure que tout rapport sexuel entre deux personnes ne remplissant pas ces conditions est illicite et donc péché.

     

    On comprendra donc que la Bible ne dit pas seulement que les rapports sexuels avant le mariage sont un péché mais elle met la barre plus haut : même avec un mariage, des rapports sexuels peuvent rester illicites devant Dieu parce que les conditions de séparation et d’attachement ne seraient pas remplies.

     

    Il y a une question qui peut apparaître à cette étape ! Si les conditions de séparation et d’attachement sont remplies, on peut donc avoir des rapports sexuels licites sans se marier? Ceux qui aiment les mathématiques trouveront qu’il y a une subtilité logique qui n’est pas prise en compte avec cette question.

     

    (Sautez les lignes suivantes en crochet si vous n’aimez pas les mathématiques même si elles sont justement destinées à ceux qui n’aiment pas beaucoup les mathématiques) ! [Une proposition (p implique q) est vraie ne signifie pas que (non p implique non q) est vraie, mais plutôt que (non q => non p) est vraie ; (non p) étant le contraire de p et (non q) le contraire de q. De façon plus concrète, prenons des exemples. Supposons que p = « tu es Béninois » (donc non p = « tu n’es pas Béninois ») et q = « tu es Africain » (donc non q = « tu n’es pas Africain »). « Si tu es Béninois alors tu es Africain » est une proposition vraie. La logique permet d’affirmer que la proposition « si tu n’es pas Africain alors tu n’es pas Béninois » est vraie. Mais on ne peut pas affirmer que « si tu n’es pas Béninois alors tu n’es pas Africain » ; il y a une erreur logique et cela saute à l’œil parce qu’on peut bien être Africain sans être Béninois].

     

    Dire que les rapports sexuels sans les conditions de séparation et d’attachement sont illicites même si on faisait des cérémonies publiques ne veut pas dire que les rapports sexuels dans les conditions de séparation et d’attachement même sans cérémonies publiques sont licites !

     

    Il ne faut pas pour autant éluder la question. Ma réponse sera celle-ci : si les conditions premières, individuelles, personnelles et intimes sont remplies, qu’est-ce qui empêche de les rendre publiques par une cérémonie de mariage en tenant compte des normes sociales ?

     

    Je réponds par une question parce que cela constitue une autre préoccupation sérieuse. Beaucoup de jeunes chrétiens dans certaines contrées africaines par exemple voient se prolonger leurs fiançailles pour des années seulement pour des raisons matérielles. Ils sont prêts à se marier, ils sont en mesure de réaliser la séparation et l’attachement nécessaires mais il y a un problème : la dot. Elle coûte suffisamment cher pour que leur budget ne leur permette pas de la réunir en plusieurs mois. Et dans la pensée collective, c’est payer cette dot qui est la preuve même qu’on peut nourrir une femme ! Pourtant ils auraient pu vivre ensemble et pourvoir au besoin de leur jeune couple en toute indépendance avec leur revenu actuel.

     

    Dans le même style que l’apôtre Paul dans 2 Corinthiens 12, je dirai que « je connais un jeune homme dont les fiançailles ont été prolongées 4 ans pour des raisons essentiellement matérielles, et Dieu sait que ça n’a pas été facile » !

     

    Que faire dans ces conditions ? En attendant que les pratiques évoluent dans ce domaine, prier Dieu pour qu’il vous donne les moyens de satisfaire aux exigences sociales. Dieu est un Dieu qui bénit et quand on lui est fidèle, il ne manque pas de se glorifier dans ce domaine particulier. Le jeune homme dont j’ai parlé plus tôt a vu Dieu utiliser d’autres personnes pour payer la totalité de sa dot.

     

    On pourrait établir ici un parallèle avec ce qui se passe pour le baptême. Chez les protestants le baptême constitue un acte extérieur et public, symbole de l’engagement intérieur et personnel du croyant vis-à-vis du Christ. Par le baptême, le croyant témoigne publiquement de sa mort et sa résurrection avec Christ. Dans certaines communautés chrétiennes cependant, ce baptême prend un caractère quasi rituel et est parfois administré à des personnes qui n’ont fait aucune expérience personnelle avec Jésus, même si elles peuvent réciter la confession de foi et les principales doctrines de la dénomination. Ce type de baptême a-t-il le sens et la portée bibliques ? Peut-on lui donner une valeur intrinsèque ? Cependant, faudra-t-il conclure pour autant qu’il faille se contenter de l’engagement intérieur vis-à-vis de Christ et banaliser le témoignage extérieur et public que constitue le baptême ? Certainement pas.

     

    Tout comme le baptême, témoignage extérieur et public est sans valeur sans engagement intérieur et personnel avec Christ, mais indispensable quand cet engagement intérieur est réalisé, de même, le mariage, témoignage extérieur et public est sans valeur (bibliquement parlant) sans l’attachement intérieur et personnel, mais indispensable quand cet attachement est réalisé.

     

     

    3-6- Encore un mot sur l’attachement

     

     

    A travers notre développement, le fait de « s’attacher » apparaît comme l’élément central de l’union entre l’homme et la femme. On pourrait dire que c’est cet attachement intime qui rend le couple légitime alors que les diverses cérémonies comme la dot, le mariage civil et/ou la bénédiction nuptiale le rendent légal.

     

     

    3-6-1-    Pourquoi le Créateur met-il l’attachement au centre de l’union de l’homme et la femme ?

     

    Avant tout parce qu’il veut leur bonheur.

     

    Malgré la crise que connaît le mariage aujourd’hui, tout le monde sait que le mariage est la forme d’union la plus sécurisante pour un homme et une femme qui s’engagent dans une vie commune. Si le mariage peut être considéré comme la forme extérieure et publique de l’attachement, nous comprenons que ce préalable d’attachement est avant tout pour le bonheur de l’homme et de la femme. La Bible nous le confirme, Dieu nous instruit pour notre bien : « Ainsi parle l’Eternel, ton rédempteur, le Saint d’Israël : moi, l’Eternel, ton Dieu, je t’instruis pour ton bien, je te conduis dans la voie que tu dois suivre. Oh, si tu étais attentif à mes commandements, ton bien être serais comme un fleuve et ton bonheur comme les flots de la mer». Esaïe 48 : 17-18. Négliger cette étape expose au risque d’une souffrance regrettable, surtout si entre temps on s’est mis dans « les liens indissolubles du mariage ».

     

    3-6-2-    Comment se réalise cet attachement ?

     

    Nous avons bien vu plus haut que l’attachement est en fait l’équivalent de l’amour dans sa triple perspective « eros », « phileo » et « agape ». Je ne connais pas le mécanisme de l’alchimie qui se réalise pour amener deux individus à cette intimité mais quelques pistes peuvent être explorées.

     

    Lequel de « eros », « phileo » ou « agape » démarre le processus ? En effet tout est possible. Prenons comme type de description le cas d’une démarche partie de l’homme.

     

    Tout peut commencer par « eros ». Il rencontre à une occasion ou une autre, une femme dont l’apparence et la beauté le séduisent. Cela peut être le début d’échanges qui peuvent conduire à une relation de type « phileo » puis de type « agape ». Tout peut aussi commencer par « phileo ». C’est une personne qu’il connaît, qu’il fréquente, avec qui il a établit un lien de type « phileo ». Puis avec le temps, « eros » et agape » apparaissent. Tout peut également commencer par « agape » mais ça parait plus compliqué et moins évident pour en arriver à l’attachement dans le cadre d’une relation de couple. En effet, partir de « agape », c’est avant tout se retrouver en face d’une personne qu’on désire relever. De là à aller vers « phileo » et surtout vers « eros », c’est un chemin plutôt peu évident. Il y a justement le risque de prendre pour compagne non pas quelqu’un qu’on désire mais quelqu’un qu’on veut sauver, ce qui posera un certain nombre de problèmes pour l’équilibre du couple.

     

    C’est dire que l’attachement est avant tout une question de satisfaction. Dans le cadre du couple, on commence par s’attacher à quelqu’un parce qu’on a une certaine satisfaction, un certain bénéfice à être avec lui, ce qui est vrai pour « eros » et « phileo ». L’amour dans le couple a une bonne part d’égoïsme, il ne peut pas être seulement altruiste. Souvenons-nous qu’en Eden, Dieu a pris le soin de créer chez « adam » le désir d’une aide semblable avant d’amener la femme vers lui.

     

    3-6-3-    Quelques pièges et erreurs à éviter

     

    Au vu de tout ce que nous avons vu au sujet de l’attachement, élément central du couple légitime, nous pouvons relever quelques pièges et erreurs qu’il faut éviter.

     

    -                     Epouser un inconnu

     

    L’inconnu c’est celui qu’on ne connaît pas. En réalité il ne s’agit pas seulement de celui qui vient de l’autre bout du monde, ni celui que vous venez de rencontrer pour la première fois, mais ça peut bien être celui que vous « connaissez » de longue date. Ce n’est pas nécessairement la durée de temps que vous avez passé avec quelqu’un qui vous permet de le connaître mais surtout la qualité des échanges que vous avez avec cette personne.

     

    Parler de ce que l’autre aime, de ses centres d’intérêts, de ses projets, de sa vision de la vie, découvrir ses qualités mais aussi ses défauts (du moins partiellement), le voir, pas seulement dans ses beaux jours, quand tout va bien, mais aussi à des moments où les choses vont moins bien… sont des éléments permettant de mieux connaître l’autre.

     

    Un point d’honneur est à donner à la connaissance des défauts. On ne finirait pas de connaître l’autre même après des années de vie commune. Cependant, je fais l’hypothèse qu’un couple de fiancés n’est probablement pas mûr pour la vie à deux tant qu’ils se perçoivent mutuellement comme sans défaut. En réalité, si on a tendance à dévoiler ses qualités (exception faite de ceux qui ont une mauvaise image d’eux-mêmes), laisser apparaître des défauts à l’autre est une preuve qu’on accepte de se révéler à l’autre. Ce que j’appelle « l’épreuve des fiançailles », c’est cette crise majeure qui survient pendant les fiançailles où l’un au moins des fiancés se demande si ça vaut la peine de continuer leur relation. Cette crise peut être considérée comme le vrai baromètre de la capacité des futurs conjoints à réussir la vie à deux. Elle apparaît comme un conflit majeur qui peut survenir à n’importe quel sujet.

     

    La valeur de cette crise vient du fait qu’elle permet de remettre en cause une relation en construction. Elle a deux aboutissements.

     

    Soit les fiancés se séparent : ce qui veut dire que malgré la flamme de l’amour des fiançailles, ils sont incapables de transcender leurs divergences. C’est probablement la preuve de difficultés relationnelles majeures pour le couple s’il restait ensemble. Il ne serait probablement pas sage d’essayer de tout faire pour que leurs fiançailles tiennent, ce qui est bien la tentation de l’entourage et surtout des responsables ecclésiastiques !

     

    Soit le couple résiste et continue l’aventure ensemble. Il vient ainsi de traverser une crise qui le renforce. La relation à été remise en cause et les forces convergentes ont surpassé les forces divergentes. On pourrait affirmer qu’un couple qui a survécu à « l’épreuve des fiançailles» a fait « la preuve des fiançailles ». Par la même occasion, ils ont fait l’expérience que les conflits, loin d’être à fuir, peuvent permettre à chacun de se dire au sein du couple dans le respect de l’autre, leçon qu’ils vont continuer à apprendre pendant toute leur vie de couple.

     

    Malheureusement ou heureusement, tous les couples ne connaîtront pas « l'épreuve des fiançailles » pendant les fiançailles ! Ils auront leur première grande crise après le mariage ; ce que j'appellerai « épreuve des fiançailles retardée ». Cette « épreuve des fiançailles retardée » pose deux problèmes.

     

    Le premier c'est qu'elle survient à un moment où on peut dire que les ex-fiancés ont déjà eu ce qu'ils voulaient ! Les forces d'attraction de l'un vers l'autre peuvent se trouver ainsi affaiblies, ce qui réduit l'engagement pour faire tenir le couple.

     

    Le deuxième problème, c'est que chaque conjoint découvre que l'autre n'est pas l'homme parfait ou la femme parfaite qu'il a cru épouser (ce qui est vrai pour tous les couples !) et même s’ils réussissent à bien gérer cette crise, cela ne procure pas la même assurance que si c'était pendant les fiançailles parce que les conjoints auront l'impression que de toute façon, ils n'avaient plus de choix puisqu'ils sont déjà mariés !

     

    Alors, faut-il provoquer « l’épreuve des fiançailles » pendant les fiançailles ? Oui et non. Non, il ne s'agit pas d'agresser l'autre à dessein pour provoquer une crise. Oui, en essayant d'être authentique et vrai avec l'autre de façon à ce que ce qui n'est pas très beau en soi puisse émerger et provoquer la crise si nécessaire.

     

    -                     Epouser seulement sur révélation

     

    Il y a bien de chrétiens qui s’engagent dans la vie à deux sur la base de révélation ! Cette révélation peut être apportée par un autre (un responsable d’église, une sœur ou un frère pieux : « Dieu m’a dit que c’est lui ou elle qu’Il a réservé(e) pour toi », ou par celui qui veut vous épouser : « Dieu m’a montré que c’est toi le conjoint qu’il m’a destiné ») ou de vous-même (vous l’avez « vu » en songe ou de toute autre manière). Sans parler des risques d’erreur quant à la source qui inspire de telles révélations, s’engager dans une relation pour une vie de couple seulement parce que Dieu l’aurait dit est une erreur à éviter.

     

    D’abord, même dans le jardin d’Eden où aucune expérience du genre n’avait jamais existé, ce n’est pas Dieu qui a dit à Adam qu’il devait prendre Eve pour femme. Spontanément, en voyant la femme et en tenant compte des effets qu’elle faisait sur lui, « adam » a tiré sa conclusion.

     

    Plus tard, après le péché, l’homme n’a pas dit « la femme que tu m’a donnée » mais plutôt « la femme que tu as mise auprès de moi… » (Genèse 3 :12). Dieu a mis la femme auprès de lui et c’est lui qui a décidé de la suite. Mais imaginons que vous soyez tellement spirituel que Dieu soit obligé de vous ouvrir les yeux spirituels pour voir la femme ou l’homme que vous devez épouser. Si vos yeux physiques ne s’ouvrent pas pour que vous puissiez voir ce qui est attirant au niveau « eros » chez cette personne, si vous ne pouvez pas quitter votre montagne spirituelle pour partager des expériences concrètes de type « phileo » avec cette personne, et si vous ne pouvez pas prendre votre responsabilité d’aimer cette personne à un niveau « agape », vous risquez d’être déçu et de rendre Dieu responsable de vos déboires.

     

    Je le répète, Dieu ne donne de mari ou de femme à personne. Il peut amener vers vous votre futur conjoint (et il le fait toujours) mais c’est à vous de décider. Même quand on prendrait l’image de l’union du Christ avec l’Eglise son Epouse, là encore Dieu ne décide pas pour nous. Dieu permet à chaque personne de rencontrer Jésus par un moyen ou un autre, mais c’est à chaque personne d’accepter Jésus et de s’engager dans une relation intime avec lui pour faire partie de l’Eglise, Epouse du Christ.

     

    -                     Epouser par pitié

     

    Certains épousent une femme ou un homme parce qu’ils en ont pitié. Ils trouvent que cette personne à un manque qu’ils pourront combler en la prenant en mariage. Cela paraît bien noble, cela fait « chrétien » mais le problème c’est que le type de relation qui est ainsi créée n’est pas basée sur l’attachement où « eros », « phileo » et « agape » pourront s’installer. C’est un fondement déséquilibré et on sait que la stabilité d’un édifice dépend bien de celle de ses fondations ! Si vous voulez être bon samaritain pour quelqu’un, vous faites bien œuvre chrétienne, mais ça ne risque pas de faire de vous un bon mari ou une bonne épouse pour cette personne.

     

     

    3-7- Le but de Dieu

     

     

    Est-il encore besoin d’évoquer le but poursuivi par Dieu en posant pour l’union de l’homme et de la femme, un cadre comme celui que nous avons examiné à travers Genèse 2 : 18-24 ?

     

    A cause d’une méconnaissance des Ecritures et de la nature du Dieu qui en est l’auteur, beaucoup pensent que Dieu est un « père castrateur» qui sanctionne et réprimande l’accès à toute forme de plaisir. Ainsi, en matière de sexualité, ils concluent simplement que Dieu ne veut pas que les hommes éprouvent du plaisir dans ce domaine. Cela est bien loin de la pensée de Dieu.

     

    La sexualité et son plaisir font partie de la pensée de Dieu pour les couples. La Bible dit que« Dieu nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions » (1 Timothée 6 : 17). Or il y a un organe que Dieu a donné à la femme dont la seule raison d’être n’est que le plaisir : il s’agit du clitoris. Et je suis sûr qu’il ne s’agit pas d’une aberration apparue après la chute mais que cela faisait partie intégrante de la création originelle que le Créateur trouva très bon !

     

    « Eros » fait bien partie de la pensée de Dieu pour les couples mais il ne constitue pas leur seule raison d’être. « Eros » n’est qu’une partie de l’amour que Dieu veut entre l’homme et la femme. Bâtir une relation seulement sur « Eros », c’est pervertir le projet de Dieu et cela ne peut entraîner à la longue que de la frustration. L’amour repose sur un trépied et sans l’équilibre entre les trois pieds « eros », « phileo » et « agape », il ne tiendra pas longtemps. On estime que l’amour romantique a en moyenne une demi-vie de 3 mois. Cela veut dire que s’il commence avec une intensité de 10/10, au bout de 3 mois, il n’en restera que 5/10. Ainsi au bout de 6 mois d’évolution spontanée, « eros » descend à 2,5/10.

     

    Voilà pourquoi sans une bonne dose de « phileo » et d’« agape » le trépied de l’amour s’écroule rapidement. Et Dieu sait quel traumatisme cela représente de connaître des déceptions amoureuses, voilà pourquoi il veut nous préserver en nous donnant le cadre de l’attachement.

     

    A ce point de l’examen du cadre posé par Dieu, le sage (d'après Psaumes 111 : 10 : la crainte de l'Eternel est le commencement de la sagesse) dira : "Eh bien, je savais par la foi que Dieu ne me demande rien si ce n'est pour mon bien, maintenant je comprends quel intérêt j'ai à bâtir mon couple et ma vie sexuelle selon le modèle qu'il a donné" ! Pendant ce temps, l'insensé (d’après Psaumes 14 :1 : celui qui dit qu'il n'y a point de Dieu) dira : "je m'en moque, attachement ou pas, je mène ma vie sexuelle comme je l'entends et cela me convient". Il pourra paraître heureux en faisant tous ses efforts, consciemment ou inconsciemment, pour se prouver et prouver aux autres que tout va bien.

     

    Mais le problème, c'est que chaque ordonnance de Dieu comporte des conséquences positives en cas d’obéissance et des conséquences négatives en cas de désobéissance. Si les conséquences positives dans le cadre d'un couple bâti sur le modèle originel est l'épanouissement des conjoints, les conséquences négatives ne se limitent pas à une souffrance affective et émotionnelle. Elles transcendent la vie sur terre et s'inscrivent dans l'éternité, car "... pour les impudiques…, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort" (Apocalypse 21: 8).... Que celui qui a des oreilles pour entendre entende!

     

     

    Conclusion

     

     

    « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15 : 15). Par ces paroles, Jésus a défini le type de relation qu’il veut établir avec ses disciples. Alors que l’esclave est obligé d’obéir aux ordres de son maître sans demander d’explication, sans comprendre, Jésus montrait que ses disciples étaient ses amis parce qu’il ne leur cachait rien. Et pour ne rien cacher à tous ses amis qu’il choisira dans les siècles suivants, Dieu nous a donné la Bible.

     

    La Bible est la Parole révélée de Dieu pour ses amis. Elle établit la volonté de Dieu pour nous ; et le chemin du bonheur dans ce monde comme dans le monde à venir est de marcher selon la voie que Dieu a tracée. Nous ne sommes pas autorisés à retrancher quoique ce soit ni à en ajouter. D’où la nécessité de la sonder et la comprendre pour ne pas lui faire dire ce qu’elle ne dit pas.

     

    Dans le cadre de l’union entre un homme et une femme pour former un couple, Dieu pose le principe de l’attachement qui correspond à l’amour dans sa triple dimension « eros », « phileo » et « agape ». Cet engagement intime et profond va au-delà des cérémonies extérieures (dot, mariage civil et/ou bénédiction nuptiale), non négligeables, certes, mais qui ne peuvent pas le remplacer. Heureux ceux qui fondent leur couple sur une telle base solide.

     

     

    Postface

     

    Avons-nous répondu à la question introductive ?

    Je ne sais pas !

    Je ne sais pas ce qui change aux yeux de Dieu le jour de la bénédiction nuptiale !

     

    Je ne sais pas comment le rapport sexuel avec la personne que j’aime et que je vais épouser demain à 10h en passant à la mairie et/ou à l’église est péché aujourd’hui à minuit et bénédiction demain à midi !

     

    Cependant, si pécher c’est manquer le but, il y a péché chaque fois que le rapport sexuel ne s’inscrit pas dans le cadre et le but que Dieu a prévus, c’est-à-dire dans l’attachement d’un homme et d’une femme qui s’engagent l’un envers l’autre dans un amour phileo, eros et agape.

       

    Informations détaillées

     Auteur:Moïse Dossa Editeur:  Langue:français Année:2008

     

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  • Commentaires

    2
    Jeudi 17 Janvier 2013 à 23:58
    •  Oui je crois que l'on à encore besoin d'aller plus loin dans le sens de désensabler les sources d'eau comme l'a fait en son temps Issac en suivants les traces de son père Abraham !!
    •  
      Rarèl Brebis Rachel ..Pour remonter à la source du coeur de Elohim de ce qui est juste à ses yeux en effet !..Que cette étude et ces réflexions puissent nous aider tous et toutes !!

      Merci à toi , pour ton intervention dans cette étude et ce sujet ,  Nicolas Papaiconomou 

      Sois béni 
       
       
       
      Robert Fernandez il est vrai qu'on peut se passer de la mairie mais qu'en est-il du témoignage dans ce cas ne pater pas vos impôts ce serai plus avantageux. Oh ! nous sommes là en tant que témoins de Dieu.
       
       
       
      Rarèl Brebis Rachel Oui! ..Robert j'avoue que c'est perturbant car c'est écrit de se soumettre aux autorités et je voudrais aussi savoir ce qu'on doit faire de la recommandation biblique qui nous dit de nous soumettre aux autorités instituées ?.?.?
      ..(tant qu'elles ne vo
      nt pas à contre sens de la Bible bien sur!) 

      Que deviens notre témoignage devant les païens ?

      Même si ce qui valide un mariage entre enfants d'Elohim s'est comme le dit notre frère Nicolas Papaiconomou comme l'engagement du baptême avec la crainte de L'Eternel ..

      Ce n'est pas mal , ni un péché que d’obéir aux autorités instituées ..l'enfant du Seigneur sait lui que son engagement est bien au dessus de tout cela que c'est ELOHIM QUI UNIT ..
       
       
    1
    Jeudi 17 Janvier 2013 à 23:36

    commentaires de Nicolas Papaiconomou

    J'ai parcouru l'article de M Dossa rapidement je le trouve intéressant. Son constat est le mien depuis longtemps. Le mariage est et doit-être quelque chose de beaucoup plus simple et sain que ce nous en avons fait. A-t-on besoin de loi , de passage devant une autorité quelconque pour faire ce qui est juste lorsqu' on craint Dieu-Elohim ? Non ... la loi en général est donnée pour se prémunir des conséquences d'un coeur mauvais et du péché. Pour moi, l'engagement et la fidélité à son conjoint est comme l'engagement du baptême ( l'engagement d'une bonne conscience envers Elohim )
    Maintenant, il est évident que pour celui ou celle qui ne craint pas Elohim, la vision des choses va être différente. D'où l'importance d'écouter Dieu-Elohim, avant l'attachement conjugal du mariage.Reconnaissons que ce n'est pas toujours facile. Nicolas
    •  
      Nicolas Papaiconomou Bonsoir,

      Pour moi, il y a une dérive originelle qui procède l' arbre de la
      connaissance du bien et du mal qui a pour conséquence le péché et la séparation d' avec Dieu-Elohim . Tout commence ici...
      Adam et Eve se connurent ( eurent un attachement spir
      ituel voulu de
      Dieu-Elohim puisque Eve a été conçue pour Adam, avant d'avoir un
      attachement physique pour former qu'une seule chair). Tout cela était
      parfait, jusqu'à là il n' y avait pas de passage à la Mairie et à l'Eglise.. .. ensuite est venu le péché et ses conséquences... Genèse 3 : 16 Il dit à la femme : J’augmenterai beaucoup ta peine et ta grossesse ; tu enfanteras des enfants avec douleur, et tes désirs se tourneront vers ton mari, et il dominera sur toi. La problématique commence ici avec le péché. Une minorité trouva grâce aux yeux du créateur. Ce fût le déluge. Il est fait mention d' hommes de femmes sans qu' il soit parlé de mariage, de contrat.
      Prenons le cas Isaac, il connut Rebecca. Genèse 24 :66 Et le serviteur
      raconta à Isaac toutes les choses qu’il avait faites. 67 Alors Isaac mena Rébecca dans la tente de Sara sa mère ; et il prit Rébecca, et elle fut sa femme, et il l’aima. Et Isaac se consola, après la mort de sa mère.
      Avec Moïse la loi est intervenue avec ses commandements : l'union entre un homme et une femme était qu'une affaire d'union entre deux familles où les parents s'accordaient sur cette union ( pratique encore valable dans
      certains pays ). La lettre de divorce est intervenue pour faire face aux conséquences des coeurs mauvais des hommes. Yeshoua a expliqué les raisons pour lesquelles Moïse permit cela.
      Matthieu 19:8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais il n’en était pas ainsi au commencement.
      Marc 10:5 Et Jésus, répondant, leur dit : Il vous a écrit cette loi à cause de la dureté de votre cœur.
      L'union du mariage pour Dieu-Elohim est consommé lorsqu' il y a un premier attachement entre une homme et une femme. Aujourd'hui ça fait désordre dans notre société car on ne tient pas compte de l'union selon Elohim que j' appellerai " l' attachement-mariage" où un homme et une femme s' unissent
      pour la vie dans la pensée du Père pour former un couple.
      L'histoire de l'Eglise a ensuite sacramentalisé le mariage ( toutes les églises confondues ) les traditions ont dénaturé le mariage pour en faire
      des fêtes païennes, où on mélange un peu de religion pour se donner bonne conscience et faire du m'importe quoi. ( des familles s'endettent pour une journée et vivre une soirée boîte de nuit, et où on change trois ou quatre fois de vêtements ...Mamon est passé par là )
      Ensuite la séparation de l'Eglise et de l'Etat ... c'est de mal en pis, le mariage passe aux mains des laïcs et de la république. C'est elle qui nous marie, qui nous pacse, qui enregistre les divorces, qui remarie x fois, qui marie, des hommes entre eux ou des femmes entre-elles.... Tout cela nous
      écarte de plus en plus de la pensée d'Elohim et de Son union de vie partagée entre un homme et une femme.
      Alors quoi faire, obéir aux autorités, oui mais où va-ton ? Le mariage
      est-il une incitation pour nos jeunes, lorsqu' ils voient leurs parents
      divorcer ? Autant rester en union libre ?
      Honnêtement, il faut revenir à la crainte de Dieu pour être en mesure de respecter nos engagements mutuels dans un couple. Puisque Dieu-Elohim est le créateur et l' instigateur du véritable mariage qui est l' union entre un homme et une femme. Lui Seul, nous a sauvé par son Fils Yeshoua pour que
      nous soyons libres de rester fidèle à notre conjoint à cause de Son amour pour nous.

      Pour répondre à la question de l' autorité, ( mairie ) pas de Pb, il y a une autre Autorité qui confère au mariage sa vraie force c'est Notre
      Dieu-Elohim.

      Vous savez tout ce que je pense. A+++ Nicolas
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